Ce rapprochement de la capitale du nord, Paris, et la capitale du sud, Bordeaux, créé par le désenclavement ferroviaire de la LGV Bordeaux-Paris est-elle bien bénéfique pour Bordeaux ainsi nommé «la Belle Endormie » ?

Le TGV relie Bordeaux à 2h04 de Paris au lieu de 3h14. C’est un rapprochement qui bouleverse et plaît à la fois. Récemment Juppé, le maire de Bordeaux, a beaucoup rénové Bordeaux qui est ainsi nommé la Belle Endormie. Une ville qui est désormais louée pour son attractivité et sa qualité de vie.
Avant, il existait déjà un degré de tension certes amicale entre la capitale du pain au chocolat et celle de la chocolatine. Or, aujourd’hui, avec l’inauguration de la ligne TGV comme catalyseur, la question se pose donc de savoir si ce rapprochement, unit la France ou donne lieu à des déséquilibres entre ces deux grandes métropoles. En allant plus loin, on se penchera sur ce qui pourrait arriver. à cause du prix de logement exorbitant en pleine capitale.
Logement: Ville Chère!

L’arrivée du TGV fait réveiller une Belle Endormie, au tant au niveau économique que culturel et social.
Juppé, étant en faveur de cette nouvelle révolution soulevée par le TGV, souligne la nécessité de se concentrer sur les villes en disant qu’il ne faut pas ignorer la vérité de la croissance démographique et que peut-être « en quelques années [la population mondiale qui vit dans les villes] serait 70 ou 80% » . Mais grâce au TGV et les plans à bas prix comme le « Ouigo », beaucoup plus de Parisiens en rêvant d’améliorer leur qualité de vie viennent s’installer à Bordeaux.
D’autant plus que les prix de logements en pleine capitale sont exorbitants. De milliers de logement se fait apparaitre tout près de la gare ce qui signifie une création des emplois. Gilles Pinson, un spécialiste sur “Stratégies et gouvernances métropolitaines” à Sciences Po Bordeaux, attire l’attention sur des éléments positifs et notamment de la mutation économique potentielle en disant qu’on peut « ainsi espérer un “désenclavement”, justement, des milieux professionnels bordelais, assez réputés pour être fermés ».
Effectivement, ce rapprochement peut permettre une « meilleure circulation du savoir et du savoir-faire » . En plus le TGV permet aux Français d’être une population de plus en plus mobile. On peut voir le TGV comme un moyen d’unir le pays culturellement, mais aussi politiquement. En effet, Bordeaux, a depuis longtemps une tendance gauchiste, et Paris, une position plutôt le contraire. « C’est magique » , dit un client dans la vidéo promotionnelle pour le TGV, « ça va changer la vie des gens » dit un autre. On devra se demander si ce changement s’avère nettement avantageuse pour Bordeaux.
L’identité des Bordelais, est-elle compromise?

Le revers de la médaille : les Bordelais, agacés, voient cette nouvelle ligne plutôt d’un mauvais œil.
A six mois de la mise en place de la TGV, une tension se pousse à Bordeaux et des petits affiches anti-parisiens fleurissent un peu partout – « Parisien, rentre chez toi ! » . Les villes « concentrent parfois beaucoup de problèmes », remarque Juppé, tels que la congestion urbaine, de chômage, de logement et de pollution dont le TGV est effectivement un catalyseur.
Faute d’un salaire aussi haut que celle des cadres parisiens et pour éviter la flambée des prix de l’immobilier qui grimpe jusqu’à 15% par an , les Bordelais se démener de plus en plus loin du centre-ville. Désormais même les étudiants trouvent à peine un toit et encore là, le prix est beaucoup trop élevé.
En outre, vu que Paris est la ville où « l’info circule, [où] le business a lieu » , beaucoup plus de employées de bonne qualité calculeront et iront se construire une carrière à Paris ce qui est catastrophique pour l’économie de Bordeaux à long terme.
Les tensions se lève aussi des racines gauchistes à Bordeaux que même Juppé a remarqué . La « résistance bordeluche » composée par des Bordelais énervés par la situation se plaigne contre le boboïsation dans des quartiers tel que celui de Saint-Michel en disant : « parlez pas de mixite quand vous gentrifiez » . Il semble que les bars à vins et les promenades faits pour l’usage exclusif des Parisiens se multiplient à outrance, « chass[ant] les commerces dans certains quartiers tels que celui de Saint-Pierre » .
De plus, de matière de l’environnement, dans le bassin d’Arcachon qui est considéré par de nouveaux arrivants comme la banlieue de Bordeaux, la déforestation ne montre aucun signe d’essoufflement.
A la fin, c’est l’argent qui compte!

Pour améliorer la situation à Bordeaux il est surtout nécessaire de résoudre les problèmes liés à la disparité économique entre les Parisiens et les Bordelais.
Si on n’arrive pas à réconcilier l’écart entre les salaires de ces deux métropoles ou de doper le marché de l’emploi à Bordeaux, les économistes prévoient qu’il se peut que le prix d’immobiliers puisse envoler « plus 50 pourcent par an jusqu’en 2020 ». En réalité, pour Gilles Pinson, c’est bien la manque d’attractivité économique à Bordeaux et non pas sa forte attractivité résidentielle qui entraine à un telle chute économique. Pinson poursuit en disant que même si la situation s’améliore, « il existe un vrai décalage entre ces deux sujets, rendant Bordeaux similaire a un mirage économique, un château de sable ». Même si à Nantes la délocalisation a permis le développement de l’emploi tertiaire intermédiaire, pour Bordeaux on est porté à croire que ce n’est pas le cas. Le mieux serait qu’à l’avenir on continue « à investir dans qu’on appelle l’économie des fondations, en faveur de la qualité de vie : des services publics, petite enfance, transports en commun qui marchent bien » .
Et en matière de l’environnement, il faut mettre en place une stratégie pour protéger la faune et flore dans le bassin d’Arcachon. Une baisse du prix par la SNCF serait non seulement bien accueillie par des passagers, mais elle serait bien aussi pour l’empreinte carbone. Un train complet vaut mieux qu’un train vide quand il s’agit du bien-être de l’environnement. Malheureusement une baisse du prix est peu probable à cause des péages sur la ligne qui peuvent encore s’alourdir.
Et pour les tensions plutôt relationnelles et politiques entre les Parisiens et les Bordelais, Juppé a annoncé son fort engagement « pour dénoncer ces pratiques [anti-parisiens et qu’il a] demandé au procureur de la république de regarder s’il y a matière à poursuites judiciaires [vu qu’] il y a eu quand même des violences » . Néanmoins, jusqu’à ce que Juppé rectifie les issues au plan économique, la situation semble être dans une impasse.
À quoi ressemblera le futur du Bordeaux… ?
Pour faire un bilan, ce rapprochement a reçu un accueil assez mitigé. D’un côté, les Bordelais expriment leurs frustrations en collant les affiches anti-parisiens partout à Bordeaux, et de l’autre cote, les Parisiens en voulant avoir une meilleure qualité de vie rêvent de s’installer à Bordeaux. Cependant, faute de l’attractivité du marché de l’emploi, des nouvelles arrivées à Bordeaux choisissent plutôt de travailler à Paris et vivre à Bordeaux en utilisant le TGV pour se déplacer. Et, à son tour, la situation politique n’a pas l’air non plus d’amélioration. Toutefois, il faut constater que la situation en est encore à ses débuts et qu’il y a une tentation de croire que le TGV va tout changer, mais les effets ne sont pas très nets. Soit Bordeaux « se recroqueville sur lui-même » soit il va sortir gagnant de cette situation – pour le moment on prend une approche plutôt attentiste.
Pour lire plus :
- Mikaël Lozano, ‘Bordeaux-Paris : ce que la LGV va changer‘, La Tribune Bordeaux, (6 Jan 2017)
- ‘A Bordeaux, une ambiance anti-Parisiens depuis l’ouverture du TGV‘, Le Monde, (24 Oct 2017)
- D. N. avec Julien Migaud-Muller et François Resbeut, ‘Montée à Bordeaux d’une fronde anti-Parisiens, accusés de faire bondir les prix‘, BFM TV, (25 Oct 2017)